Si le travail ne suffit plus
- Nathalie Perrin-Gilbert
- 12 sept. 2024
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 juin

Alors que notre président Macron, toujours en quête de trêve enchantée, inaugurait ce mardi soir à Décines-Charpieu l’Olympiade des Métiers, pardon « les Worldskills », le Secours Populaire a publié ce jeudi 12 septembre les résultats de son sondage annuel, coréalisé avec Ipsos, sur la pauvreté et la précarité en 2024.
Fruit du hasard, cette promiscuité de calendrier rend plus saisissant le constat issu de l’enquête du Secours Populaire / Ipsos : pour vivre dignement en France comme en Europe, travailler ne suffit plus.
Si, d’un côté, les Worldskills font valoir à juste titre l’excellence des voies de formation que sont l’apprentissage et l’alternance, portant haut la beauté et la fierté des métiers, de l’autre, le « Secours Pop » présente les chiffres de sa dix-huitième étude annuelle : 35% des Européens déclarent que les revenus issus de leur activité professionnelle ne leur permettent plus de faire face à l’ensemble de leurs dépenses. Année après année, la précarité s’accroît et le sentiment de pauvreté se précise. Interrogés sur leur « seuil de pauvreté subjectif », les Français le placent à 1.396€ … à peine deux euros de moins que le SMIC.
Un Français sur deux déclare rencontrer des difficultés à payer ses factures d’énergie, un sur trois diffère dans le temps les soins dont il a pourtant besoin… La pauvreté galope en France comme en Europe. Elle n’est pas le fait de l’immigration ni le fruit de politiques d’assistanat. Elle galope sur les années de renoncement politique au soutien et au développement des services publics (de santé, d’éducation, de culture, …), à l’abandon d’une logique d’aménagement du territoire, à la prédominance des marchés financiers sur l’économie réelle.
La pauvreté galope mais elle est toujours honteuse, coupable, suspecte. La pauvreté galope et elle fait des ravages. Sur les femmes, sur les hommes, sur les idées. Elle nourrit les peurs, les haines et fait les beaux jours des nationalismes.
L’urgence est là. En France comme en Europe. Sociale et démocratique.
Lyon, le 12 septembre 2024
Nathalie Perrin-Gilbert
Lyonnaise et Culottée




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