Démolition
- Nathalie Perrin-Gilbert
- 20 juin
- 2 min de lecture

Le 30 janvier dernier je signais un billet intitulé « Frontière », tant j’avais ressenti chez les habitantes et habitants du quartier des Etats-Unis, dans le 8e arrondissement, le sentiment d’être abandonnés, poussés hors les frontières d’une ville-centre qui n’était plus pour eux.
Depuis, de rencontres en interventions, sur le terrain ou le papier, à force de mails ou de prises de parole publiques, quelques avancées ont eu lieu. La plus visible fut sans doute la fin du « marché sauvage » de la « place des Etats », grâce notamment à l’intervention coordonnée des services de police nationale et municipale. Bien-sûr la vigilance doit demeurer mais un sentiment de soulagement s’est vite fait sentir chez les habitantes et habitants.
Le bailleur social de la Ville de Lyon (la SACVL) a enfin réparé, au moins provisoirement, la VMC d’un de ses immeubles, fait débarrasser des sous-sols devenus impraticables à force de n’être jamais nettoyés, et remis aux normes quelques installations électriques, ici et là. Le début d’un mouvement.
Tant reste à faire cependant. Ainsi, les rats continuent de courir les allées et les cours intérieures des résidences, alimentant les conversations et les craintes des habitantes et habitants. Des rongeurs qui se sont d’ailleurs invités dans les échanges entre les locataires de Grand Lyon Habitat et le Directeur général dudit bailleur.
Lors d’une réunion publique tenue ce lundi 16 juin presqu’en catimini dans le gymnase trop petit de l’école Charles Péguy, le Directeur général expliquait que les rats « il y en avait partout dans la ville », même dans l’immeuble où il vivait, un immeuble « pourtant privé » (sic)... Dans ma vie d’élue, j’ai connu réponse plus convaincante et surtout plus adaptée.
Plus adaptées aussi, et sans doute plus honnêtes, auraient dues être les réponses faites aux locataires inquiets, venus en nombre après avoir vu fleurir dans leur quartier des affiches annonçant des démolitions à venir. Une seule question hantait réellement les habitantes et habitants ce soir-là : celle de savoir si leur relogement ne serait que temporaire -le temps des travaux de démolition/reconstruction- et s’ils pourraient revenir habiter dans leur quartier et y vivre enfin dans un logement décent.
Régulièrement reposée sous des formes différentes, cette question a suscité chez la plupart des organisateurs de la réunion des silences gênés et des sourires évasifs. Le maire du 8e a insisté sur le fait que du « logement social » serait reconstruit grâce à un accord arraché à la Préfecture, complétant sa réponse par quelques acronymes (tels que QPV, PLS, BRS, ...).
Une manière de répondre entre les lignes que si, parmi les futures résidences privées, du logement social serait reconstruit, le niveau de prix ne correspondrait pas à la demande ni aux moyens des locataires prochainement délogés.
Présente à cette rencontre, j’ai eu le sentiment d’assister à une réunion organisée sans réelle préparation. Ni des intervenants, ni des habitants. Vis-à-vis des intervenants, je ne peux pour l’instant pas grand-chose ! Mais je donne rendez-vous aux habitantes et habitants, samedi 28 juin prochain, pour faire le point sur ce qui a été dit lors de cette soirée et ensemble, nous organiser*.
Lyon, le 20 juin 2025
Nathalie Perrin-Gilbert
*l’heure et le lieu de la rencontre seront communiqués par bouche à oreille !




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