Indispensable Ophélie
- Nathalie Perrin-Gilbert
- 9 oct. 2024
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 juin

Autour d’une jeune-femme, Jeanne, danse tout un siècle : le XXème, depuis la Seconde Guerre Mondiale et ses gueules cassées jusqu’aux années soixante-dix et leurs mouvements de contestation et de revendication.
Jeanne est une artiste hantée par Ophélie, le personnage shakespearien. Autrice, actrice, elle est à la fois le sujet des représentations qu’elle produit, à la fois l’objet des représentations qui lui sont assignées. Et à travers Jeanne/Ophélie, un film se déroule sous nos yeux, celui de décennies d’oppression des femmes.
Oppression entre quatre murs, qu’ils soient murs d’un institut pour jeunes filles ou d’un musée, d’un hôpital ou d’un bordel, d’un couvent, d’un asile psychiatrique ou du foyer familial. Au regard de sa densité, de son intensité, il ne m’est pas possible de vous résumer Institut Ophélie, cette pièce accueillie par le Théâtre des Célestins la semaine dernière durant trois soirs.
Ecrite par Olivier Saccomano (oui, il y a un lien de filiation avec Eugène Saccomano, la voix qui nous a fait aimer le football populaire et voyager de stade en stade derrière notre poste radio lors des soirées en multiplex) et mise en scène par Nathalie Garraud, Institut Ophélie nous parle des images qui perdurent, des assignations qui restent malgré les lois votées.
L’égalité n’est pas acquise et, parce qu’elle nous le rappelle, Ophélie est indispensable.
S’il m’est impossible d’expliquer en quelques lignes la pièce de théâtre, je peux en revanche partager avec vous une nouvelle qui me réjouit : Olivier Saccomano et Nathalie Garraud -tous deux par ailleurs à la tête du Théâtre des Treize Vents à Montpellier- n’ont pas fini de tisser des liens avec Lyon ! Parrain et marraine de la 85e promotion de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT) située à Lyon 5e, ils travaillent depuis plusieurs mois à la création d’un spectacle tiré du livre L’œuvre-vie d’Antonio Gramsci écrit par Jean-Claude Zancarini et Romain Descendre, qui mènent depuis une dizaine d’années des recherches à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon sur Les Cahiers de Prison de Gramsci.
Une nouvelle aventure de création est donc en route, reliant recherche et écriture, mise en scène et pensée, théâtre et politique, embarquant la troupe de Nathalie Garraud et Olivier Saccomano mais aussi les étudiantes et étudiants de l’ENSATT et leurs enseignants, des équipes de l’ENS Lyon et, bien-sûr le Théâtre des Célestins. Un théâtre public municipal cher à mon cœur, devenu plus que jamais une scène de la création théâtrale contemporaine, un lieu artistiquement et démocratiquement indispensable.
Lyon, le 10 octobre 2024
Nathalie Perrin-Gilbert




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