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Génération

  • Nathalie Perrin-Gilbert
  • 16 janv.
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 20 juin

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J’ai 10 ans en 1981. Je n’ai pas l’âge de voter et je ne me souviens pas, jusque-là, m’être intéressée à la politique. Pourtant la joie qui éclate le 10 mai, au moment où le visage de François Mitterrand apparait sur l’écran de télévision familial, m’étreint. Je la ressens, je la vis et je me dis que la politique aurait donc ce pouvoir… rendre les gens heureux ? Le 10 mai 1981 représente je crois mon premier souvenir politique. En cela je suis de la génération Mitterrand.


J’ai 31 ans en 2002. Non seulement je suis allée voter au premier tour de l’élection présidentielle, mais entretemps je me suis engagée en politique. Quelques mois plus tôt, en mars 2001, je suis devenue maire du 1er arrondissement, élue avec les listes d’union de la gauche et des écologistes menées à Lyon par Gérard Collomb. Le 21 avril 2002 est un séisme. Le sol se dérobe sous mes pieds, je suis en proie à une terrible crise d’angoisse. Avec 16,86 % des voix, Jean-Marie Le Pen se hisse au second tour de l’élection présidentielle.


Quelques jours plus tard je serai comme 10.000 Lyonnaises et Lyonnais place des Terreaux, pour un concert gratuit rassemblant Zenzila, Les Têtes Raides, Noir Désir, Thomas Fersen, Yann Tiersen, Dominique A… Avec les têtes d’affiche du rock français, Lyon dit non au Front National. Je fais partie de cette génération qui a dit non à l’extrême droite quand cette dernière se présentait aux portes du pouvoir pour la première fois dans l’histoire de la Ve République.


Cette génération qui a appelé à « faire barrage ». Le barrage a tenu en 2017, en 2022, mais il peine à contenir les flots de peurs, d’ignorance et de haine. Il s’affaiblit sous l’effet d’une « dédiabolisation » savamment orchestrée. Le soir du 7 janvier 2025, à l'annonce de la mort de Jean-Marie Le Pen, je ne suis pas allée place des Terreaux. Je n’ai pas voulu célébrer la mort d’un homme. Je voudrais célébrer celle de ses idées.


Lyon, le 16 janvier 2025

Nathalie Perrin-Gilbert

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